La pratique du romancier n'est pas celle de l'historien. Non
seulement en raison du manque d'expérience de l'auteur dans la conduite de
recherches historiques mais, aussi faute de témoignages sur les derniers
moments de la vie de
Simón Bolívar, le travail propre à l'historien a été rendue difficile pour Gabriel García Márquez.
La temporalité de l'historien n'est pas non plus celle du romancier. Dans l'épilogue du roman, García Márquez relate qu'il a travaillé sur le
Le Général dans son labyrinthe duant deux années
1. Dans le même ordre d'idée, combien d'œuvres − sinon de chef-d'œuvres − Alexandre Dumas,
inventeur du "roman à la vapeur", de la "littérature industrielle"2 a-t-il écrit dans l'espace de 24 mois ? Alexandre Dumas se voulait historien et, selon Michel Arrous Dumas aurait entendu Michelet, qu'il a souvent mis à contribution, lui dire : "Vous avez plus appris d'histoire au peuple que tous les historiens réunis
2". Par opposition, un historien comme
Fernand Braudel commence à rédiger sa thèse en 1927
3. Il y pense depuis
1923. Après une gestation de 22 ans et la captivité de l'auteur, l'œuvre sera édité en 1949.
La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, soutenu le
1er mars 1947, aura occupé plus d'un quart de siècle son auteur.
Cependant, malgré des différences majeures, c'est en nous introduisant à ces questions d'objet, de sujet, de méthodes, de sources, d'archives que le romancier, comme le professionnel de l'histoire, fait œuvre d'histoire et nous aide à consolider nos mémoires individuelles et collectives.
Bibliographie